DéSIR d'ENFANT

Pourquoi ai-je choisi d’être doula ? – Part. 3

Je suis l’aînée d’une fratrie de 3. J’ai donc vécu la grossesse et le post-partum de ma mère deux fois. Aux premières loges. Evidemment je n’avais aucune connaissance de rien, mais j’ai ressenti. J’ai vécu à côté. Avec. Dans le corps et le coeur d’une petite fille très sensible avec beaucoup d’empathie.

J’avais presque 5 ans quand ma soeur est arrivée dans ma vie. Je l’ai rencontrée quelques heures après sa naissance et quand je regarde la photo de moi la tenant dans mes bras, je comprends le sens du mot fierté. Je suis assise sur le lit de la maternité et je suis si fière de la porter. Je me souviens de ce berceau transparent, de ce bracelet rose autour de son poignet, de l’ambiance de la maternité qui me fascinait, avec tous ces bébés partout. C’était une maternité face à la mer, j’en garde un souvenir magnifique.

Et puis je me vois prendre soin de ma soeur sur les photos et cela me touche. Prendre soin de la vie, de ses débuts. La cajoler, la nourrir, lui faire des câlins. Je lis tant d’amour dans les yeux de la petite Eugénie.

Puis, j’ai accueilli un frère à l’âge de 13 ans. J’ai eu la chance de suivre la grossesse de ma maman de très près, j’ai savouré le récit de sa naissance (il y avait du piano dans la salle d’accouchement, j’avais trouvé ça génial) et j’ai accompagné ma maman dans l’accueil de ce nouvel être qui venait agrandir la famille. J’étais fascinée par ce ventre s’arrondissant, par les mouvements que je percevais à travers sa peau. La magie de la vie en direct, chaque jour devant mes yeux. L’envie de tout savoir, de rencontrer ce nouveau petit être. Je n’avais à cet âge aucune conscience de ce que c’était vraiment d’accueillir un enfant mais j’avais envie d’être là pour ma mère dans ce moment de vie. Pour l’aider, la soutenir. Et cela ne venait pas seulement d’un espace de grande soeur ou de fille. C’était plus grand que ça.

Je me souviens de moments difficiles, où je sentais ma mère épuisée, exaspérée, n’arrivant pas à endormir mon frère, je me souviens m’être baladée des heures dans la colline provençale où nous vivions en berçant mon frère. C’était l’automne. Je me souviens de ce que je ressentais dans mon coeur de fille en percevant le soulagement de ma mère quand je m’occupais de mon frère et qu’il s’endormait dans mes bras.

Je réalise qu’on ne valorise pas assez le rôle des aînés dans une famille. Tout comme on ne valorise pas assez les doulas et les personnes qui accompagnent les mères.

Il est temps que cela change, ne pensez-vous pas ?

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