
Il était une PMA
Cette nuit j’ai réalisé que bientôt ma fille aurait l’âge de notre parcours de PMA. Elle est arrivée dans nos vies il y a aussi longtemps que nous l’avons attendue.
Ce matin en cuisinant avec elle et en la regardant couper des champignons, je me suis souvenu de ma première piqûre et j’ai pleuré. Pleuré de bonheur et de gratitude.
À l’époque, je travaillais en cuisine, à Marseille, auprès d’un chef au grand cœur. Un Chef qui a pris à l’époque la place d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une sœur et de plusieurs amis, quand il m’était impossible de partager vraiment ce que je traversais avec les gens que j’aimais le plus. Peur de prendre trop de place, peur de les inquiéter. En ciselant, coupant, hachant, en créant et en donnant de l’amour à des inconnus à travers de la nourriture, je nourrissais aussi ce désir si profond de donner la vie. La cuisine a été ma bouée. Face à moi-même parfois 12h par jour, à bout de force, j’ai trouvé en cuisine la force de me battre, de ne pas me perdre, de mettre mon mental de côté et d’oublier tout ce qui n’allait pas dans ma vie.
Les produits bruts à transformer, les « oui chef » , les coups de chaud, les coupures, les brûlures, les « service! », les oursins à toutes les sauces, les choux au sésame noir, le dressage impossible des pavlova, et toutes les autres folies qu’on a mises au monde sur le Vieux-Port avec Emmanuel Perrodin font partie de ce parcours.
Et m’ont sauvée.
Cette première piqûre je m’apprêtais à la faire avant le service dans les toilettes du restaurant. Et Emmanuel ; mon Chef, m’a dit, « non tu prends les clés d’une chambre et tu vas prendre le temps de la faire en haut ».
J’étais terrorisée. Seule. Cette aiguille qui me paraissait énorme. Ce produit chimique que j’allais m’injecter. Mais cette chambre m’a accueillie. Et j’ai réussi ! Je me souviens de la fierté que j’ai ressentie de l’avoir fait seule!
J’aimerais tellement vous serrer dans mes bras et vous dire que tout est possible, tout est possible, tout est possible.
En quelque sorte, la cuisine, mon chef ont été mes doulas.
Et moi aujourd’hui, j’aimerais être votre doula. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, que ce soit une doula ou une autre profession, je vous invite à écouter votre cœur et à vous entourer de ces phares dans la nuit, ces boussoles dans le jour.
Vous n’êtes pas seul.e.s.
© photo : Aurélie Moris