
Le grand saut
« Quelque part à Marseille, le 22 mars 2016, une rencontre un peu spéciale était sur le point de s’opérer… et je crois qu’il est enfin temps pour moi de vous en parler vraiment. Plus à demi-mot. Parce que ce n’est peut-être que l’histoire d’une vie, … ou plutôt de trois vies.
Mais que ça parle aussi de LA Vie. De la magie de la vie. Et parce que ça nous touche toutes et tous plus ou moins. De près. De loin. Directement. Indirectement.
« Il n’y a pas de hasard dans les rencontres. Elles ont lieu quand nous atteignons une limite, que nous avons besoin de mourir pour renaître. Les rencontres nous attendent mais parfois, nous les empêchons d’avoir lieu. Si nous sommes désespérés et que nous n’avons plus rien à perdre ou au contraire enthousiasmés par la vie, l’inconnu se manifeste et notre univers change. Les rencontres les plus importantes ont été préparées par les âmes bien avant que les corps ne se voient » — P.Coelho.
IL s’agit de cette seconde décisive où la rencontre devient un rendez-vous 9 mois plus tard… ou pas.
Certaines rencontres sont fortuites. Celle-ci était plutôt du genre très programmée.
Programmée mais à une date incertaine, parce que pour ce genre de rencontre, c’est ton corps qui décide, ce n’est pas toi. La date peut changer au dernier moment. Alors tu dors avec ton calendrier, tu manges avec ton calendrier, tu respires calendrier, tu fais des câlins avec ton calendrier… et assez rapidement, toute ta vie tourne autour d’un calendrier.
Invisible à l’œil nu, cette rencontre-là prenait toute la place dans nos têtes, dans nos cœurs et dans nos vies… depuis 4 ans.
La rencontre aurait lieu un jour de mars approximativement entre le 10 et le 15. Ca me plaisait bien, comme idée.
Mars, le printemps, la sève qui monte, la lumière qui revient… quel meilleur moment pour semer une graine et espérer la voir germer ?
La rencontre devait se faire entre le 10 et le 15 mars, c’est mon corps qui, comme toujours, déciderait de la date exacte.
A ces dates-là, j’étais censée être en déplacement loin de Marseille. Mais pour une fois, j’ai décidé de faire la grève du calendrier et de partir en prenant le risque de rater le rendez-vous. Il fallait que je reprenne le contrôle de ma vie. Je n’en pouvais plus de dépendre de mon ovulation et d’être dans le calcul permanent.
Et c’est là que la magie a opéré. Mon corps a décidé d’attendre… de T’attendre. Et il n’a pas attendu 1 jour, ni 2 … mais presque 10 jours. Il savait, lui, comme toujours, bien mieux que n’importe qui d’autre, que quoi qu’il arrive, cette fois, c’était la bonne.
On m’avait tellement parlé de lâcher prise… enfin j’y arrivais.
Le 22 mars 2016, après plusieurs échos, nous avions rendez-vous. J’ovulais!!! J’avais eu le temps de rentrer tranquillement de mon déplacement.
Un laboratoire, des éprouvettes, des technicien(ne)s, des films classés X, des ovocytes au garde-à-vous, et des dizaines d’autres couples venus faire la même « tentative » de rencontre.
On parle de tentative… comme si on n’y croyait déjà qu’à moitié.
De 7 ovocytes et de millions de spermatozoides, sont nés 3 embryons. Mes amours. Chaque matin à l’aube, on me donnait de vos nouvelles… la vie, était là enfin! On avait réussi truc de dingue!! Parce que j’aime mettre de la beauté et de la poésie partout, et que vous savoir seuls, dans un contenant autre que mon ventre, était douloureux, j’ai imaginé un décor tout autour et je me suis connectée à vous. A chaque instant. Nuit et jour. Je vous savais à quelques km de la maison. Cela me déchirait de l’intérieur d’avoir été incapable de vous accueillir directement… mais c’était ainsi… et au lieu de me morfondre, j’ai choisi d’imaginer tout un univers autour de votre création.
A ce stade, on n’était jamais allés aussi loin dans le « process » et nous avions le sentiment qu’après 4 années de parcours, que je préfère appeler « voyage » , une nouvelle porte s’ouvrait… et que derrière celle-ci, rien ne serait jamais comme avant.
Quoi qu’il arrive.
© photo : Matthieu Cossais